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Tribune libre: TRROPHÉE DES CHAMPIONS: L’EXPRESSION DES CARENCES DU FOOTBALL CAMEROUNAIS MIS EN SCENE DANS UN ENNUYEUX SPECTACLE DE 90 MINUTES

Un match opposant des champions (vainqueur de la coupe du Cameroun à celui du championnat élite one) avec en ligne de mire le trophée des champions, est censé être au niveau du spectacle et la qualité de jeu proposés par les acteurs, une véritable régalade pour les spectateurs et les téléspectateurs. Cette rencontre se veut être l’expression du savoir-faire local qualitativement parlant, entre deux équipes dites professionnelles, ayant dominé la saison Sportive précédente, et donc supposées être ce qui se fait de mieux sur le plan local en termes de football. Mais, ce que Fovu et Coton nous ont servi hier au stade de la réunification de Bepanda, était complètement au nord de ces attentes. Un piteux spectacle donnant à regretter d’avoir fait le déplacement. Déchets techniques, faible tactique, pas d’intensité et autres. Mais comment une rencontre censée être la vitrine d’exposition du championnat local peut se transformer en un repas footballistique aussi indigeste?

La qualité de jeu produite est tributaire d’un faisceaux d’éléments qu’il faut construire en amont et d’un canevas qu’il faut respecter.

D’abord la DTN! Qui peut me citer un pays au monde où le football est une référence en matière de qualité et d’organisation, sans une DTN fonctionnelle et opérationnelle de façon efficace ? La DTN c’est le cerveau du football dans un pays. Pensez qu’on peut avoir un Football de qualité dans un pays en excluant le rôle sentinelle de la DTN, c’est imaginer que le cœur et le corps humains peuvent fonctionner avec un cerveau à l’arrêt. C’est de l’utopie et une hérésie pure et simple! A quoi ressemble la DTN au Cameroun!? A rien du tout! Il ne suffit pas de nommer un directeur technique national pour dire qu’on a une DTN ! La direction technique nationale c’est le laboratoire où se pense et s’élabore sur le plan technique, où se façonne la vision technique qu’on a du football au sein d’une fédération, la substantifique moelle des leviers qui vont comporter la matrice d’un football sain, potable et qualitativement digeste capable de résister au rapport de forces dans le champ de compétition avec les savoir-faire d’ailleurs. C’est à la DTN que se définit le profil du footballeur qu’on veut former. C’est à la DTN que s’élabore les corpus et contenus de formation à appliquer dans les structures de formation pour avoir une homogénéisation dans la formation. C’est à la DTN que revient le travail d’aménagement et d’organisation des Structures de formation. Que faut-il pour être considéré comme un opérateur dans le domaine de la formation footballistique ? Que faut-il pour être considéré comme académie de football ou centre de formation ? C’est à la DTN que revient ce travail! Mais comment y parvenir avec une direction technique nationale aussi bancale et qui se réduit en la personne du directeur technique nationale? Ce n’est absolument pas possible ! Aujourd’hui on constate que le domaine de la formation au Cameroun est un galimatias géant et refuge de quelques passionnés en panne d’occupation, à qui il suffit de posséder deux ou trois ballons et un espace vague pour commencer à faire courir les enfants, alors qu’ils ne disposent d’aucune formation d’éducateur. Quel type de footballeurs peut-on former avec ce genre de pratiques?

A côté de cela il y a également la formation des entraîneurs et éducateurs qui sont ceux entre les mains de qui repose la responsabilité de former ces footballeurs de qui on attend qu’ils nous produisent le spectacle dans les stades. A ce niveau encore c’est un bazar total. Je suis désolé de le dire, la formation des entraîneurs et éducateurs de football au Cameroun laisse vraiment à désirer. J’ai personnellement mené une enquête là-dessus et j’ai discuté avec beaucoup d’entraîneurs et éducateurs qui m’ont confessé sous cape, les réalités regrettables des stages d’entraîneurs et éducateurs de football. La réalité c’est que les entraîneurs et éducateurs de football sont mal formés au Cameroun. Que cela plaise ou non, c’est malheureusement la réalité. Mais cela n’est pas en soit une surprise, puisque la structure en charge de l’organisation et la régulation des protocoles de formation de ces entraîneurs et éducateurs, de la garantie du respect des codes éthiques et moraux en rapport avec les cannevas de formation et de délivrance des diplômes (la DTN), ne peut rien face au marasme profond qui elle-même la consume. L’autre question est de savoir : quel type d’élèves peuvent-ils être issus de la formation de formateurs eux-mêmes mal formés ?

Ensuite il y a le football jeune! J’ai l’habitude de dire que le football jeune est le baromètre de mesure du diagnostic vital du football en général dans un pays. Au Cameroun l’état des lieux du football jeune est alarmant. Malgré les annonces faites par l’exécutif actuel à l’aube de son mandat à grand renfort de publicité, la situation est stagnante, voire pire. Deux ans sans véritables compétitions. Bref, le football jeune est quasi à l’abandon et complètement tiré par les cheveux au Cameroun. Ce football qui est pourtant la mamelle nourricière en termes de ressources humaines des différentes sélections nationales et des équipes dites professionnelles. Dans ce contexte, les générations sacrifiées se multiplient et constituent dès lors une source d’alimentation quasi intarissable de l’assombrissement actuel que l’on observe dans les résultats des sélections nationales.

DTN à la rue, football jeune somnolent, le tandem parfait de la construction d’un puzzle on ne peut plus flamboyant de la médiocrité. Il n’est dès lors pas surprenant de voir la constipation des résultats qu’on observe actuellement au niveau des résultats. Il est donc logique de voir en « élite », des footballeurs avec des problèmes de coordination censés être corrigés à 10 ou 11 ans en phase d’initiation à la formation. Il n’est donc pas surprenant de voir en « élite » des joueurs avec autant de déchets techniques. Il est donc logique de voir un match opposant « des champions » avec un niveau tactique aussi faible. On comprend pourquoi un individu est capable de se retrouver dans une équipe de première division sans être passé par un quelconque cursus de formation. Dans tous les cas quelle différence Y-a-t-il au final entre un footballeur mal formé et un autre non formé ? La conséquence est la même ! L’urgence d’une autopsie profonde et des réflexions sur l’orientation à donner à notre football s’impose. A cette allure, la prochaine saison s’annonce être une véritable purge pour les spectateurs et téléspectateurs.

Ivan KAMWA

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